Exposition-résidence : Horizons intérieurs de Marie-Claire Blais et Fragments de Caroline Cloutier

11 mars – 23 mai 2021


Comme convenu, et malgré les affres de la pandémie qui ont passablement bouleversé la présentation du premier volet de leur résidence commune, Marie‑Claire Blais et Caroline Cloutier reviennent au printemps 2021 à la Fondation pour boucler leur contrat. Cette fois, c’est Marie-Claire qui tient le rôle principal, sur la lancée de l’œuvre sonore De gauche à droite, de marbre et de bois qu’elle présentait le printemps dernier dans le coffre‑fort de la banque‑atelier, où Caroline, en contrepoint, sera confinée à son tour pour y installer de nouvelles expériences photographiques.

Marie-Claire Blais : Horizons intérieurs

« Il nous faut sans cesse tenir l’équilibre entre l’horizon disparu et l’horizon imaginé ».
– Roland Giguère

L’artiste nous avait répété que les deux vers du poète cité en exergue venaient la hanter pendant la conception et la réalisation de son installation dans la grande salle de la Fondation. Elle savait pourtant qu’une ligne d’horizon était loin d’être un motif de prédilection dans l’œuvre de Molinari. Et moins encore deux lignes d’horizon superposées…

La sculpture de Marie-Claire Blais tire profit de toute la compétence de l’architecte chez elle et prend la forme d’un cône de vision coupé en deux, dont chaque partie constitue une ligne droite où un élément vertical se répète, judicieusement placé de façon à indiquer une perspective, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse à l’horizon. Les deux lignes se croisent exactement au milieu de la salle. On repense à ce commentaire que Serge Murphy faisait à propos des dessins de l’artiste : « On aurait affaire ici autant à une déconstruction en cours qu’à une construction en devenir. »

L’esprit de Molinari se retrouve évidemment dans la répétition d’un motif vertical et, plus subtilement, dans la référence à un tableau de Mondrian (Pier and Ocean #9, 1915) qui a contribué au déclenchement de ce projet polysémique. Enfin cette structure, qui évoque un beau dessin dans l’espace mais relativement austère, sera posée sur un grand rectangle coloré, formé de bandes de toiles « en un certain ordre assemblées », de façon à suggérer un paysage abstrait ou des fragments de ciel. Toutes choses qui font réfléchir le regardeur-promeneur sur la fonction des deux lignes d’horizon qui ne font pas que sous-tendre les tiges verticales…

Caroline Cloutier : Fragments

« Dans mes œuvres, répète l’artiste, j’offre des espaces pour projeter ce qu’on veut ». L’exercice est commode lorsque ses images raffinées, toujours d’une technique irréprochable, sont présentées sobrement dans des espaces à l’avenant, dans des white cubes. Mais il en sera autrement dans le vieux coffre-fort de l’ancienne banque de Molinari, avec ses murs considérablement délabrés et soigneusement conservés comme tels, pour toutes sortes de raisons. Il n’y aura plus de continuité entre l’image et le hors-cadre, d’autant que Caroline Cloutier travaille actuellement avec des plaques de verre givré, spécialement sensibles à la lumière, et que ses œuvres sont plus délicates et dépouillées que jamais. En l’occurrence, il y en aura deux, non encadrées, imprimées sur de grandes feuilles et suspendues le long des murs. Les compositions aseptisées sont entourées d’une marge généreuse, comme pour créer une zone de silence entre elles et l’espace capricieux et très chargé psychologiquement de la voûte. Un beau dialogue en perspective…

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